« La culture veut être présente dans ces manifestations car elle fait aussi partie du système économique de l’État Français. »
Du système économique, c'est sûr ; du système économique de l’État français, on préfère y aller doucement.
Ceci dit, reste à savoir de quelle économie on parle :
« Pour rappel, selon le fameux rapport de 2014 : “La culture contribue sept fois plus au PIB que l’industrie automobile”… »
Évitons d'utiliser l'argument de la rentabilité. Nous n'avons pas besoin de mesurer le niveau de notre contribution ni de nous inscrire dans une compétition avec l'industrie automobile. Nous travaillons, c'est une certitude. La conversion de nos activités en travail ne doit pas dépendre de critères comptables mais de décisions politiques. Nous nous mobilisons pour conquérir des droits sociaux, pas pour prouver qu'on rapporte !
Prenons la réforme des retraites annoncée : il s'agit de passer d'un système qui continue de verser leur meilleur salaire à des personnes délivrées du marché du travail à un système où la pension serait la contrepartie de performances passées. Lors de sa mise en œuvre en 1946, le régime général de la Sécurité sociale n'a pas eu besoin de calculer la rentabilité passée des retraité·es pour leur verser un salaire de remplacement. C'est toute la portée émancipatrice de la Sécu que nous défendons dans la rue ces jours-ci !
Si le tract diffusé au début du mouvement Art en grève posait effectivement le travail artistique comme producteur de « valeur économique », il ne parlait pas nécessairement de valeur marchande, encore moins de valeur marchande capitaliste. Ce sont des notions que nous devons distinguer si nous voulons conquérir un statut à la hauteur de nos aspirations.