Fiche valeur économique

Nous appelons valeur économique le fruit du travail collectif. Cette notion ne se limite pas à la valeur marchande, mais permet au contraire de reconnaître le travail des soignant⋅e·s, des fonctionnaires, des retraité⋅e·s, des chômeur⋅euse·s, des étudiant⋅e·s, des parents, des bénévoles. Il existe une production de valeur en dehors de la sphère de l’emploi et par-delà la stricte activité marchande des travailleur⋅euse·s indépendant⋅e·s.



Pour saisir cette nuance, il faut distinguer activité et travail. Bien que tout travail repose sur une activité, toute activité n’est pas considérée comme du travail. Ce qui relève ou non du travail résulte d’un rapport social.



La manière dont cette question est traitée par certain·e·s économistes est par exemple illustrée par le vidéaste Usul dans son émission sur le salaire à vie (2015) :
· Une personne qui tond la pelouse devant chez elle n’est pas considérée comme productive. On dira que son activité est un loisir.
· Une personne qui tond la pelouse en tant qu’agent·e d’une mairie n’est pas considérée comme productive. On dira qu’elle est utile à la collectivité, mais qu’elle coûte. Son activité entraîne une « dépense publique ».
· Une personne qui tond la pelouse en tant qu’employée d’une entreprise sous-traitante de la mairie est considérée comme productive. Elle met en valeur le capital de son employeur, elle travaille donc « pour de vrai ».
Une seule activité, trois arbitrages différents. Grâce à cet exemple, on voit que le travail est une convention dont le fondement est essentiellement politique.


Interroger la définition de la valeur permet de mieux aborder la question du travail dans la sphère artistique. L’objectif de cette démarche n’est pas de marchandiser un maximum d’activités, ni même d’attribuer une valeur économique à toutes les pratiques artistiques, mais de veiller à ce que les travailleur⋅euse·s ne soient jamais marginalisé⋅e·s sous prétexte qu’ils⋅elles n’ont pas d’emploi ou qu’ils⋅elles réalisent peu de bénéfice.


Chaque travailleur⋅euse devrait être titulaire de droits sociaux inconditionnels et inaliénables, indépendamment de son activité concrète.