Résumé : l'empaquetage de l'Arc de Triomphe a été financé en partie par des réductions d'impôt.
« Comment ça marche, Jamy ?
— C'est simple, frère ! »
1) L’État publie un appel au mécénat pour acquérir la collection du Pont-Neuf empaqueté (collection issue d'une œuvre de Jeanne-Claude et Christo) ;
2) Une grande entreprise finance l'acquisition ;
3) L'entreprise en question bénéficie d'une réduction de l'impôt sur les sociétés égale à 90 % du montant versé. Trop sympa ;
4) Grâce à l'argent qu'il a récolté mais qu'il va rendre d'une certaine manière à son mécène, l’État achète la collection du Pont-Neuf et verse les fonds à la holding de Jeanne-Claude et Christo (CVJ, filiale d'une certaine CVJ corporation domiciliée au Delaware, un paradis fiscal) ;
5) La holding finance l'empaquetage de l'Arc de Triomphe.
Ça n'a pas coûté un centime à l’État, disent les officiels. Enfin... Apparemment ! *rire diabolique*
« Et alors, Jamy, quel est le problème ?
— Attends, je t'explique. »
Que l’État finance une œuvre d'art n'est pas fondamentalement scandaleux, bien qu'on puisse discuter la pertinence d'un grand projet spectaculaire élaboré par des vedettes (mortes). Seulement voilà, il y a deux problèmes :
1) L’État nous sert un gros mytho genre « tkt l’œuvre a été payée par le couple c cool » ;
2) Les pouvoirs publics se dessaisissent de leurs missions au profit d'entreprises à but lucratif. Dans un contexte social-démocrate, quelque chose de plutôt tranquille, l’État collecterait l'impôt sur les sociétés et financerait la production artistique à l'issue d'un processus un minimum démocratique : quelles œuvres ? Quel⋅le⋅s artistes ? Un projet géant ou plusieurs projets plus confidentiels ? De l'argent pour l'art ou des moyens pour l'école publique ? Etc. Bref, le genre de débats qui animent une démocratie.
Ici au contraire, des entreprises à but lucratif se bâtissent une réputation de bienfaitrices sans rien débourser tandis que l’État entérine le principe selon lequel nous devons nous soumettre à leur bon vouloir pour financer la production artistique. C'est un transfert de pouvoir, tout simplement.
Merci l'Élysée – Présidence de la République française, petit check au Ministère de la Culture. Changez rien.
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