Fiche de lecture : « L'art, combien ça paye ? »

25/11/2022

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Dans son numéro du 25 novembre 2022, Le Quotidien de l'Art consacre une enquête aux rémunérations dans le milieu de l'art. Nous vous recommandons sa lecture ! L'article fait seulement 6 pages et nous fournit pas mal d'infos intéressantes.

Pour celles et ceux qui n'auraient pas accès au journal, La Buse apporte un résumé dans ses serres :

1) Globalement, les artistes-auteur·es sont les moins bien loti·es. Les revenus provenant de la vente d’œuvres sont faibles, un taf de prof s'avère souvent indispensable pour payer l'appart, et les aides sociales et autres indemnisations sont des compléments récurrents chez la plupart des enquêté·es. Mieux vaut être bien né·e, quoi.

Quote : « Les héritages personnels permettent à certains, notamment celles et ceux qui habitent à Paris, d’être dans ce monde de l’art. C’est une question de classe. »

2) Dans les musées, la situation des salarié·es n'est pas brillante. Hormis pour les postes de direction des grands établissements nationaux, les salaires tournent autour du revenu médian, soit environ 1800 euros net mensuels.

Quote : « 2000 euros pour une jeune conservatrice dans un musée territorial, entre 1400 et 1700 euros pour un assistant de conservation. Et les contractuels ne sont pas mieux lotis : 1600 euros pour un collaborateur scientifique dans un grand musée parisien en CDD, 1600 euros pour une médiatrice d’un service mutualisant quatre musées de France, [...] entre 1800 et 2000 euros pour une conservatrice-restauratrice de peintures, habilitée musées de France, 1450 euros pour une guide-conférencière, travaillant depuis douze ans. »

3) Dans les lieux d'art publics et associatifs, c'est carrément la débrouille. Ça tient vite fait avec du scotch et de la ficelle. Les petits centres d'art ont recours à de faux temps partiels, à des services civiques et au bénévolat. Dans les FRAC, la situation est opaque en raison d'une faible structuration professionnelle et d'une forte hétérogénéité des pratiques d'emploi.

Quote : « 1850 euros pour un chargé de développement et d’actions culturelles, 1800 pour une chargée de production et de médiation, 1500 pour une chargée de communication, 1550 euros (avec six ans d’ancienneté) pour un régisseur dans un Frac. »

4) Les institutions adossées à des entreprises privées à but lucratif (aka les fondations) aspirent les cadres du secteur public et surexploitent le petit personnel. Quelle surprise.

Quote : « Mais pour les moins gradés, notamment les agents d’accueil qui sont souvent à temps partiel, c’est le salaire le plus bas qui est appliqué : 716 euros pour 18,5 heures par semaine dans une fondation à Paris, 1179 euros pour 30 heures dans une autre. »

5) Dans les galeries, c'est la jungle. Il faut avoir du bol et tomber sur des gentil·les, mais dans tous les cas mieux vaut se montrer corvéable à merci.

Quote : « Beaucoup veulent travailler dans ce secteur, ce qui fait qu’ils acceptent n’importe quel salaire, même très bas, et ne sont pas payés à la hauteur de leur qualification. Le système des galeries surexploite aussi les stagiaires. »

6) Les indépendant·es dont les curateur·rices, les critiques et les influenceur·ses arrivent en bout de chaîne et s'en sortent plus ou moins bien en fonction de leur notoriété. Normal, c'est la situation la plus typique du travail en régime capitaliste : un statut et une rémunération strictement liées à la validation de l'activité sur un marché.

Merci à la presse spécialisée de se pencher enfin sur ces questions matérielles et politiques essentielles. La mise en lumière de nos conditions de travail est une étape essentielle à la construction de stratégies de lutte efficientes.

Parlons de moula, parlons de nos statuts, libérons la parole !